Voici des histoires pressées de Bernard Friot. Elles sont courtes et l'auteur joue beaucoup avec les mots pour amuser le lecteur. J'en ajouterai fréquemment.
Consigne : Je te propose de te laisser porter par ces histoires. Il n'y aura pas de contrôle de compréhension.
Je te demanderai juste de les lire et de noter dans un petit carnet (ou sur une feuille) tes impressions sur chaque histoire.
Est-ce que tu as aimé? Pourquoi? Est-ce que tu as souri? Est-ce que tu as compris? A quoi tu as pensé en lisant? (...)
A notre retour en classe (la vraie) nous ferons un atelier lecture autour de ces nouvelles pour choisir les préférées de notre classe. Tu peux aussi illustrer chaque histoire.
Un amoureux trop curieux
Un jeune amoureux cueillit au jardin une reine-marguerite. Il commença - c'était un amoureux bien peu original - à arracher un à un les pétales.
- Elle m'aime un peu, beaucoup ...
- Mais arrêtez, ça fait mal! hurla la marguerite.
- ... à la folie, passionnément, pas du tout. Elle m'aime un peu ..., continua le jeune homme.
- Bourreau, assassin, monstre sanguinaire, jardinier catastrophique ! gémissait la marguerite atrocement torturée.
On en dirait autant à sa place, je suppose. Mais l'insensible amoureux récitait imperturbablement :
- ... beaucoup, à la folie, passionnément ... Jusqu'au dernier pétale:
- ... pas du tout!
- Bien fait! dit la fleur.
Et elle mourut dans un très long soupir.
Escargot et tortue, tortue et escargot
Un jeune escargot qui partait en vacances rencontra en chemin une vieille tortue qui admirait le paysage.
C'était la première fois que l'escargot voyait une tortue et il fut très surpris en découvrant que les escargots n'étaient pas les seuls animaux à transporter leur habitation sur leur dos. Seulement, cette vieille tortue lui parut très grosse et très laide. Il ne se gêna pas pour le lui dire. La tortue, furieuse, grimpa sur un rocher, sauta sur l'escargot et l'écrasa. Sous sa carapace.
Très loin de là, une jeune tortue qui partait en vacances rencontra en chemin un vieil escargot qui admirait le paysage. C'était la première fois que la tortue voyait un escargot et elle fut très surprise en découvrant que les tortues n'étaient pas les seuls animaux à transporter leur habitation sur leur dos. Seulement, ce vieil escargot lui parut très petit et très laid. Elle ne se gêna pas pour le lui dire. L'escargot, furieux, grimpa sur un rocher, sauta sur la tortue et s'écrasa. Sur sa carapace.
Recette de cuisine
J'ai pu enregistrer, dans le bac à légumes de mon réfrigérateur, une conversation émouvante entre une pomme golden et une pomme de terre. Voici ce document étonnant :
- Ah, chère madame, dit la pomme golden à la pomme de terre, il faut que je vous raconte ce qui est arrivé à ma meilleure amie, une pomme de reinette que je connais depuis l'école maternelle. C'est absolument é-pou-van-ta-ble! Figurez-vous qu'on en a fait de la marmelade! Deux individus se sont emparés d'elle, un homme tout en blanc et une jeune femme avec un grand tablier bleu. La femme a pris un couteau spécial et elle a déshabillé complètement ma copine. Imaginez un peu: toute nue sur une table de cuisine ! L'homme, lui, l'a découpée en quatre, comme ça, zic zac, en deux coups de couteau. Et il lui a arraché le cœur avec tous les pépins.
- Arrêtez, arrêtez, c'est horrible ! s'écria la pomme de terre en se bouchant, stupidement, les yeux.
- Ce n'est pas fini, poursuivit la pomme golden. Ils ont jeté la malheureuse dans une casserole, avec plein d'autres copines. Ils ont ajouté un tout petit peu d'eau et, hop! ils ont allumé le gaz. Au bout de deux minutes, avec la vapeur, c'était pire que dans un sauna.
- Oh, un sauna, dit la pomme de terre, c'est bon pour la santé.
- Eh bien, répliqua la pomme golden, je voudrais bien vous y voir! Au bout de vingt minutes environ, les copines étaient toutes fondues, une vraie bouillie. Alors l'homme a pris une cuillère en bois, il a rajouté 50 grammes de sucre et un peu de cannelle et il a bien remué le tout.
- Hm hm, murmura la pomme de terre, ça devait sentir bon!
- Oh, vous! Vous n'avez pas de cœur! s'écria, indignée, la pomme golden.
Et elle éclata en sanglots.
- Vous savez, répondit la pomme de terre, je pourrais vous raconter des choses plus horribles encore. Figurez-vous que mon fiancé a été transformé en purée! Voilà comment ça s'est passé : un homme est venu le chercher ...
Malheureusement, l'enregistrement s'arrête là. Une panne de courant, probablement.
Rencontre
Hier, j'ai rencontré quelqu'un d'un peu bizarre. D'abord, je n'ai pas tout de suite compris ce qu'il disait.
Peut-être que je n'étais pas bien réveillé, ou un peu trop distrait. J'ai cru entendre quelque chose comme: «Dzwiagztrochv kinghuaxyelz trrplllikdawq iiiiiiiuhhh.» Et puis : « Sprechen Sie Deutsch ? » Et ensuite : «Do you speak english ? » Et enfin : « Parlez-vous français? » Je ne sais pas pourquoi il m'a demandé ça.
Évidemment que je parle français. C'est même la seule langue que je parle. Ce qui m'a un peu étonné aussi, c'est la façon dont il était habillé. Avec une espèce de combinaison verte et rouge, toute drôle: on aurait dit une peau avec des écailles.
En y réfléchissant bien, je crois que sa tête aussi m'a un peu surpris. Une tête toute ronde qui tournait sans arrêt comme un gyrophare sur une ambulance.
Mais il était très gentil. Il m'a salué poliment et il m'a tendu la main. Une main pleine de doigts. Au moins cent. Ça fait un peu bizarre quand on la serre.
Il m'a posé toutes sortes de questions.
Parfois, je ne savais pas quoi répondre. Par exemple, quand il m'a demandé si les instituteurs sont meilleurs à la broche ou en pot-au-feu. J'ai bien été obligé de lui dire que je n'en ai jamais mangé.
Ce qui était surtout rigolo, c'est qu'il sautait sans arrêt sur ses trois jambes. Ça faisait cric cric cric. Et de temps en temps il se grattait le dos avec sa langue. Je voudrais bien savoir comment il fait.
Après, je lui ai dit que je devais rentrer à la maison parce que maman m'attendait pour souper. Il ne voulait pas me laisser partir. Je crois qu'il avait encore envie de jouer. Alors je lui ai promis de revenir le lendemain.
Et ce matin, je suis parti à l'école plus tôt que d'habitude. Il m'attendait au coin de la rue et il m'a tout de suite emmené vers une grande machine qui était cachée dans les arbres du parc. Ça m'a beaucoup plu parce qu'il y a des phares de toutes les couleurs. Il m'a fait grimper à l'intérieur et il a fermé la porte. À l'intérieur de la machine, c'est assez beau. Sauf qu'il y a des boutons et des appareils un peu partout. Il a encore dit quelque chose que je n'ai pas compris et la machine s'est mise à bouger. J'aime bien. On voit les nuages à travers les hublots. Mais je voudrais quand même savoir où il m'emmène. J'espère que ce n'est pas trop loin. Parce que je ne voudrais pas arriver en retard à l'école.
Les histoires ne sont plus ce qu'elles étaient
L'histoire était fin prête, tout le monde était en place. Le roi lissait sa barbe blanche et astiquait sa couronne. Sa fille, la princesse, mettait une dernière touche à son maquillage, sans se douter le moins du monde que le dragon allait l'enlever dans un quart d'heure. Le dragon, qui savait bien, lui, ce qu'il préparait, réglait son lance-flammes électronique. À quelques pas de là, un petit jeune homme timide sautillait sur place en balançant les bras : c'était le chevalier sans peur et sans reproche qui se porterait volontaire pour sauver la princesse. Mais d'abord, il devait rendre service à la vieille femme qui ramassait du bois.
En fait, la vieille femme était une fée: elle était justement en train de revêtir son costume et de répéter une dernière fois son texte. Au milieu de son fagot, elle avait caché l'épée magique qu'elle devait donner au chevalier pour qu'il puisse tuer le dragon. Après, il pourrait épouser la princesse et, si tout se passait bien, ils auraient beaucoup d'enfants.
Bref, tout était prêt, on pouvait commencer : « Il était une fois ... »
Mais où est donc le roi ? Impossible de le retrouver. Tant pis, on dira que la princesse est orpheline. Ça ne l'empêchera pas d'être enlevée par le dragon. Et elle épousera le chevalier sans rien demander à personne.
On appelle la princesse. Elle ne répond pas.
On appelle encore, par haut-parleur cette fois. Toujours rien. C’est quand même embêtant. Il faut bien que le dragon enlève quelqu'un. Il ne peut pas enlever la vieille femme, puisque c'est une fée et qu'elle a une épée magique cachée dans son fagot. Et s'il enlève le chevalier, ce n'est plus drôle du tout: la fée devra délivrer le jeune homme et, franchement, ce n'est pas l'affaire des femmes d'affronter les dragons.
On n'a jamais vu ça dans les histoires.
On peut toujours imaginer que le chevalier va combattre le dragon comme ça, sans raison particulière, pour faire un peu de sport. Et puis, s'il gagne, il épousera la vieille, c'est -à -dire la fée. Elle aime sans doute les sportifs.
Oui, mais entre-temps, le dragon a fichu le camp. Que vont faire le chevalier et la fée ? Il n'y a qu'à les envoyer ramasser du bois. Ça pourra toujours servir.
Apparemment, le chevalier n'est pas d'accord, car il a disparu sans crier gare. Et la fée refuse de faire quelques tours de magie avec sa baguette et tout son attirail. Dommage, ça aurait occupé le public.
Finalement, de toute l'histoire, il ne reste qu'une épée. Une épée magique, paraît-il.
On pourrait peut -être s'en servir comme coupe-papier?
Mme Denis ne veut pas d'histoires
Dans le jardin de Mme Denis, deux pinces à linge, l'une en bois, l'autre en plastique, font un brin de causette pour passer le temps.
- Ah, soupire la pince en bois, si je pouvais m'installer sur un fil électrique! Ça doit être excitant ! Ou sur les cordes d'une guitare : j'adore la musique!
- Moi, dit la pince en plastique, je rêve de me fixer sur un fil barbelé : j'aime le danger ! Ou sur le câble du téléphone, pour espionner des conversations secrètes !
- Pas d'histoires ! dit Mme Denis en suspendant une chaussette et un chiffon à poussière. Vous resterez sur mon fil à linge!
Et voilà : à cause d'elle, il ne se passe rien.
Texte libre
Dimanche, je suis allé chez mon tonton et ma tata. On a mangé du poulet avec des frites. Après, on est allés au zoo et on a vu le tigre dans sa cage. Quelle belle journée!
Lundi, je suis allé chez le tigre. On a mangé mon tonton et ma tata avec des frites. Après, on est allés au zoo et on a vu le poulet dans sa cage. Quelle belle journée!
Mardi, je suis allé chez le poulet avec des frites. On a mangé le tigre. Après, on est allés au zoo et on a vu mon tonton et ma tata dans leur cage. Quelle belle journée!
Etc.
Histoire policière
Une puce se promenait sur le bras d'un fauteuil. Elle rencontra un long cheveu blond qui se regardait dans un miroir de poche.
- Hé ! fit le cheveu, faites donc attention où vous marchez. Surtout ne me touchez pas, ne me déplacez pas: je suis un indice!
- Un indice, qu’est-ce que c'est que ça ?
- Figurez-vous qu'un crime a été commis ici, dans cette pièce. On a découvert la victime sur le fauteuil d'en face, une balle en plein cœur. L'enquête a prouvé que l'assassin était assis sur le fauteuil où nous nous trouvons. Alors, voyez-vous, je suis extrêmement important: quand les policiers me découvriront, ils chercheront d'où je viens et, grâce à moi, ils démasqueront l'assassin! Tout le monde parlera de moi, les journaux, la télé, je vais devenir célèbre!
- Si je comprends bien, dit la puce, on a intérêt à être chauve quand on veut trucider quelqu'un: ces bavards de cheveux sont toujours prêts à vous trahir, rien que pour se faire mousser!
Alors elle jeta la perruque bouclée qu'elle portait ce jour-là et abattit froidement le long cheveu blond d'un coup de revolver tiré en plein cœur.
La chose
Je me suis réveillé, le cœur battant et les mains moites. La chose était là, sous mon lit, vivante et dangereuse. Je me suis dit : « Surtout ne bouge pas! Il ne faut pas qu'elle sache que tu es réveillé. » Je la sentais gonfler, s'enfler et étirer l'un après l'autre ses tentacules innombrables. Elle ouvrait la gueule, maintenant, et déployait ses antennes. C'était l'heure où elle guettait sa proie. Raide, les bras collés au corps, je retenais ma respiration en pensant: « Il faut tenir cinq minutes. Dans cinq minutes, elle s'assoupira et le danger sera passé. » Je comptais les secondes dans ma tête, interminablement. À un moment, j'ai cru sentir le lit bouger. J'ai failli crier. Qu'est-ce qu'il lui prend? Que va-t-elle faire? Jamais elle n'est sortie de dessous le lit. J'ai senti sur ma main un léger frisson, comme une caresse très lente. Et puis plus rien. J'ai continué à compter, en m'efforçant de ne penser qu'aux nombres qui défilaient dans ma tête: cinquante et un, cinquante-deux, cinquante- trois ... J'ai laissé passer bien plus de cinq minutes. Je me suis remis enfin à respirer normalement, à me détendre un petit peu. Mais mon cœur battait toujours très fort. Il résonnait partout en moi, jusque dans la paume de mes mains. Je me répétais: « N'aie plus peur. La chose a repris sa forme naturelle. Son heure est passée. »
Mais, cette nuit-là, la peur ne voulait pas me lâcher. Elle s'accrochait à moi, elle me serrait le cou. Une question, toujours la même, roulait dans ma tête: Qui est la chose? La chose qui, chaque nuit, gonfle et s'enfle sous mon lit, et s'étire à l'affût d'une proie. Et puis reprend sa forme naturelle après quelques minutes.
J'ai compté jusqu'à dix en déplaçant lentement ma main droite vers la lampe de chevet. À dix, j'ai allumé et j'ai sauté sur le tapis, le plus loin possible. Et qu'est-ce que j'ai vu sous mon lit ? Mes pantoufles ! Mes bonnes vieilles pantoufles que je traîne aux pieds depuis près de deux ans. Elles me sont trop petites, déjà, et percées en plusieurs endroits.
J'étais vraiment déçu. Et un peu triste. Je me suis dit: « Alors, on ne peut plus avoir confiance en rien?
Il faut se méfier de tout, même des objets les plus familiers ?» J'ai regardé longtemps les pantoufles. Elles avaient l'air parfaitement inoffensives, mais je ne m'y suis pas laissé prendre. Avec beaucoup de précaution, je les ai enveloppées dans du papier journal et j'ai soigneusement ficelé le paquet. Et j'ai jeté le tout dans la chaudière.
Attendons la suite
J'ai pris un livre de contes et j'ai lu :
«Il était une fois un roi et une reine qui n'avaient pas d'enfant et qui en étaient fort désolés. »
J'ai sauté quelques pages et voilà ce que je trouve :
« Il était une fois une pauvre orpheline qui rêvait d'un foyer où on l'accueillerait, où on la traiterait comme la fille de la maison. »
Quand j'ai vu cela, j'ai vite couru chez le roi et la reine et je leur ai dit que je connaissais une petite fille qui, j'en étais sûr, ne souhaitait rien tant que d'avoir une famille, des parents. Puis j'ai couru chez l'orpheline et je lui ai annoncé que j’avais trouvé un roi et une reine sans enfant. Ils seraient très heureux de l'adopter, je m’en portais garant
- En êtes-vous vraiment sûr ? me demanda l'orpheline qui n'osait croire à un tel bonheur.
- Est -ce bien certain ? me demandèrent le roi et la reine, très émus. Est-il possible que tout s'arrange aussi
vite ?
Je les ai rassurés et j'ai fixé un rendez-vous. Et maintenant, j'attends la suite avec impatience. J'ai bon espoir que ça devienne intéressant. « Car, ai-je pensé, dans les histoires habituelles, tout va mal au début et c'est seulement à la fin que ça s'arrange. Mais si ça commence bien, il y a des chances pour que ça se termine mal. Très mal peut-être ! » Ce serait beaucoup plus drôle, non ?
Il ou elle
Choisir pour chaque verbe le pronom qui convient.
II / elle s'enferme dans la salle de bains. II / elle allume le néon au-dessus du miroir. Sur la tablette sont rangés: à droite, rasoir, mousse à raser, lotion après rasage; à gauche, tubes de rouge à lèvre, fard à paupières, fard à joues, mascara ...
Il /elle hésite un instant, puis tend la main vers la droite. Il / elle prend la bombe de mousse à raser, presse une grosse noix de mousse sur le bout de ses doigts et, maladroitement, s'en enduit les joues. Bien sûr, il /elle n'a pas de barbe, pas un poil, mais qui sait ?, peut -être que ça aide de faire semblant. .. Il / elle manie le rasoir avec précaution et, très vite, trouve le bon geste. La lame effleure la peau, sans la blesser. Rien d'étonnant après tout: il / elle a si souvent observé papa.
Après le rasage, l'après-rasage. Ça picote un peu.
Et maintenant ? Il / elle se regarde dans la glace. Il faut essayer autre chose. Le rouge à lèvres.
Comment fait maman, déjà ? Il / elle avance les lèvres en les ouvrant pour dessiner un petit 0 et passe le bâton de rouge en s'appliquant, en essayant de ne pas déborder, comme lorsqu'il / elle colorie un dessin.
Là. Puis il / elle pince les lèvres, les roule l'une sur l'autre, comme maman, exactement ...
- Tu peux venir goûter, c'est prêt !
C'est sa mère qui appelle depuis la cuisine.
Mais il / elle hausse les épaules. Il / elle n'a pas faim. Il / elle a mieux à faire que d'aller goûter. Il / elle noircit ses cils d'un peu de mascara, puis trace un trait de khôl sous chaque œil. Comme cela change son regard ! Il/elle a l'air d'un prince oriental. Ou d'une princesse.
Pourquoi se dessine-t-il / elle aussi, avec le crayon de khôl, une fine moustache ? Et pourquoi la corrige-t-il / elle en étalant une touche de fard sur ses paupières ? Il / elle ne sourit pas en faisant tout cela, on sent qu'il / elle s'applique, qu'il / elle cherche dans le visage que reflète le miroir quelque chose qu'il / elle ne trouve pas.
Il / elle regarde autour de lui / d'elle. Une cravate est accrochée au portemanteau fixé sur la porte. Il / elle la décroche et se la noue autour du cou. Puis, pour rétablir l'équilibre, il / elle pince à ses oreilles deux clips dorés trouvés dans la boîte à bijoux de sa mère.
- Dominique, tu te décides, oui ou non ?
Se décider ? Pourquoi, vraiment ? Il / elle se contemple dans la glace: rouge à lèvres, moustache, fard à paupières, cravate ... Parfait, c'est parfait comme ça. Alors, non, il / elle ne décidera pas. Pas aujourd'hui, pas encore, en tout cas.
Histoire à l'endroit
Un éléphant jouait tranquillement aux billes.
Survint un tigre affamé qui avala l'éléphant avec un peu de sauce tomate.
Une antilope, bonne cuisinière, dévora le tigre en pot-au-feu.
Un ouistiti avec cravate et chapeau melon grignota l'antilope rôtie à la broche.
Un rat acrobate engloutit le ouistiti à la croque-au-sel.
Un scarabée mal réveillé dégusta le rat en brochettes avec du riz.
Mais la mouche, écoeurée, fit la grimace :
" Du scarabée, pouah, ça me donne mal au foie ! "
Histoire d'histoires
Il était une fois un enfant qui ne croyait pas aux histoires. Dès que sa mère commençait : « Il était une fois un ogre cruel. », il l'interrompait. - Ne me raconte pas d'histoires, disait-il, les ogres, ça n'existe pas !
Et quand son grand-père se mettait à lire à haute voix: «Il était une fois un roi. .. », il demandait aussitôt: - Le roi de quoi ? Le roi d'Angleterre ou le roi de Panama? Il a vécu de quand à quand ? C'est de l'histoire ou c'est des histoires?
Même quand on lui racontait une histoire vraie, il secouait la tête, l'air de dire: «Vous faites vraiment des histoires pour pas grand chose.» Et au bout de trente secondes, il se mettait à bâiller et à se frotter les yeux. Il disait: - Comment voulez-vous que je vous croie : je ne vois rien, je ne sens rien de ce que vous me racontez. C'est comme si l'histoire partait sans moi!
Un jour, je lui ai demandé de s'asseoir à côté de moi sur le canapé et je lui ai raconté une histoire. L'histoire d'un enfant qui ne croyait pas aux histoires. Dès que sa mère commençait: « Il était une fois un ogre cruel . », il l'interrompait. .. Il ne m'a pas interrompu. Il m'a laissé raconter. Quand j'ai eu fini, il m'a dit: - C'est drôle, cette histoire, je la vois et je la sens. C'est comme si j'étais dedans. Tu pourrais me la raconter encore une fois? J'ai repris l'histoire depuis le début et il m'a écouté avec la même attention.
Puis il m'a demandé: - Tu pourrais me raconter les histoires auxquelles l'enfant de ton histoire ne croyait pas? J'ai raconté des histoires d'ogres et de sorcières, des histoires de rois et de princesses et beaucoup d'histoires vraies pour terminer.
Et, chaque fois, il disait: - Effectivement, c'est incroyable! Qu'est-ce qu'il disait, l'enfant de ton histoire, quand il entendait ça ? - La même chose que toi: «Effectivement, c'est incroyable ! »